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Bruxelles chasse-misère
21 mars 2016
Cet article a initialement été publié sur le site Wikimedecine.

Osvaldo Gago photo@flickr.com
Comme toutes les grandes villes européennes ces dix dernières années, Bruxelles voit le nombre de ses citoyens devenant sans-abris augmenter. Ainsi, selon les recensements du centre La Strada, plus de 2600 Bruxellois étaient SDF en 2014, soit une hausse de 33% depuis 2010.
Faute de politique efficace visant à réduire la grande pauvreté ou à assurer sa prise en charge adéquate, les autorités publiques ont peu à peu mis en place ou soutenu divers moyens visant (en vain) à les refouler des lieux par trop fréquentés : transports aux heures de pointe, proximité des zones commerciales, zone touristique, grands boulevards,... dépassant de loin le cas du Delhaize d’Ixelles qui avait suscité l’indignation de riverains.
Faute de temps, il n’est pas question ici de prétendre au recensement exhaustif de toutes les initiatives anti-SDF ayant transformé notre ville. Seulement de mettre en évidence leur diversité, leur caractère organisé et leur coût.
L’exclusion des recoins servant d’abris
La bruxellisation erratique a généré nombre de recoins susceptibles d’offrir une nuit à l’abri des intempéries. Au centre-ville, ceux-ci sont systématiquement exclus de l’espace public de manière à peine déguisée...


Le recours aux services d’urgence

Outre les cas nécessitant une réelle prise en charge médicale ou ceux se présentant spontanément pour divers motifs, il devient banal pour les urgentistes des hôpitaux et cliniques du réseau IRIS de se voir référer des sans-abris directement ou indirectement par les services de police sans aucun motif médical, parce qu’ils gênent dans l’espace public, faute de services sociaux adéquats. Certains services peuvent leur permettre de passer le reste de la nuit sur un brancard, d’autres, faute de moyens, se contentent de leur offrir quelques tartines... Dans tous les cas de figure, il s’agit d’un pis aller aussi inefficace (un hôpital n’est pas un centre d’hébergement social et ne dispose d’aucun moyen permettant d’assurer une quelconque réinsertion) que surchargeant des services (enregistrement, tri infirmier, examen médical, rédaction des rapports) dont ce n’est pas la mission. Dans les pires des cas, cela provoque des incidents iatrogènes (tels que la précipitation d’un Wernicke ou d’un béribéri par la pose de perfusions sans supplémentation vitaminique adéquate).
La transformation des façades
Les modifications de façades visant à empêcher l’installation des SDF ou mendiants tendent à se multiplier, parfois discrètes, parfois tellement laides ou évidentes qu’elles choquent les riverains. Selon les cas, elles prennent l’aspect de décorations extérieures, de plans inclinés, de poteaux, de piques,...



La disparition des bancs de la STIB
La société bruxelloise de transports en commun a procédé progressivement au remplacement de ses bancs par des sièges rendant impossible toute position couchée... allant jusqu’à développer des "sièges" inconfortable pour ses usagers voire tout simplement impropres même à la position assise !



