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Richesses Cadre de vie

En image : une journée de la vie en rue (II)

Vécue et commentée par Pathé

2 janvier 2017 Lucie Martin, Pathé

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"Quand on prend des photos on commence à voir d’autres choses, à donner plus d’importance à des détails. Quand je marche, ce que je vois se rapporte à mon histoire. Chaque photo signifie quelque chose à mes yeux, a son importance"

Les photographies de Pathé ont été produites dans le cadre du projet Home Street Home. Home Street Home est un projet de l’asbl Diogènes (travail de rue avec les personnes sans-abri à Bruxelles). Conçu comme une réflexion multiforme qui interroge la place que nous réservons à ces « autres de la rue », Home Street Home a donné lieu à une exposition et une journée d’étude sur le thème « sans-abri et espaces publics » en mars 2014. Mais aussi, en décembre 2015, à un ouvrage de photographies, édité par ARP2. Cet ouvrage reprend les photographies de Pathé mais aussi celles de Sarah (à voir ici), Alves, André, Cop, Dennis, Jesus et Ongong, tous habitants de la rue. Au croisement de diverses approches- artistique, sociale, sociologique – ces images donnent à voir le rapport que leurs auteurs entretiennent à la ville. Photographies comme document, comme expérience plastique, comme reportage, elles sont toutes le truchement d’un regard qui questionne notre rapport à l’altérité, à la civilité et nous invitent, loin de toute injonction morale, à recomposer le nôtre. Il est disponible en librairie et au siège de l’asbl. Plus d’infos : homestreethome.org.
Les images de Pathé, images-documents d’un parcours, d’un quotidien, de certains attachements, exposées comme une pellicule lors de l’exposition sur le thème « sans-abri et espaces publics » en juin 2016 au Beursschouwburg.

Pour le moment je dors au Samu. A 5 minutes il y a la mosquée. Je fais la prière du matin. Près de l’arrêt Gillon, vers 6h du matin. Puis je marche, je prend le Boulevard Lemonnier. Après la prière je vais à Pierre d’Angle pour le café. Je marche. Rogier, Debrouckère, jusqu’à Pierre d’angle. On peux y rester jusqu’à 8h. A 8h, je vais aux urgences de St-Pierre. Medinuit – je suis là souvent. Pendant l’hiver ils laissent les gens. Il fait chaud tu peux rester tant que tu veux. Mais parfois certains fument, boivent dans les toilettes, alors les gardiens arrivent et c’est tout le monde dehors. Il faut dégager à cause d’une ou deux personnes. Ou alors je vais à l’Entraide jusque midi. Il y a des assistantes sociales, il y a le café, le thé. Ou à Clic, 40 minutes d’internet gratuit, en face du CPAS. Puis c’est JST. J’arrive parfois avant l’ouverture, j’attends ici avant que ce soit ouvert. Je fais la prière à 13h puis je reviens. Au crépuscule je m’approche de Botanique. Je vais prier. Quand j’ai fini je vais dormir, il est 20h30, 21h. Je fais mon lit. Je descends manger un bout, grignoter avec les amis. 22h30, je vais dormir. Voilà, c’est tout ce que je fais du matin au soir, c’est ma journée type. D’habitude je marche, je ne prends pas les transports. Ici tout est là, enfin presque, sauf le squat et les toilettes peut-être.

Pathé

Pathé, interrogé par Maurice de DoucheFlux dans l’émission La Voix de la Rue sur Radio Panik nous en dit plus sur ses intentions :

Entretien avec Pathé
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